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Extraits des poèmes d'Emmanuel Muheim lus en deuxième voie :

 

Seul le blanc

Tremblantes limites de ce
qui subsiste encore
de la lumière aveugle
éclatée
Ne se savent que quelques traits
quelques taches aériennes
mais qui pèsent la terre
toute la terre
son squelette brisé
sous l’évidence

 

Blanc
Calcaire foudroyé
Sec
à travers le rien


Et que reste-t-il
sinon les blancs destins
d’ombres servantes
fuyantes
mendiantes de ce qui encore
gomme ce qui
à travers elles
surgit


Sur les brisées du sable


L’instant ferme le silence….découvre….
Le silence referme l’instant


Les étoiles
ont-elles déchiré
l’origine
dénude la nuit
referme le secret
se terre
au plus blanc de la nuit


le soleil a bu l’horizon

la dune
menacera
attend
le rocher
oublie
ébloui


la nuit
onde le feu
sacre les braises
jalousent
les étoiles
là-bas
tout en bas
oubliées

 

Piades


A la montagne
Au sommet jamais atteint…
Sur la sente
Où mon pas ne
sera jamais qu’en dessous


Au plus loin
Au plus nu de l’aube blanche
Déliée du ciel et de la terre profonde
Née d’un soleil premier né
La montagne
Dans une nouvelle maternité


La vallée se recueille et attend la parole


e t moi si nu
déjà usé/
un instant s’avance blanc


matricielle caresse
du souffle
le regard repose
Guérit
un ciel passe


limpide regard du nouveau né


un ciel glisse
s’échappe, s’ouvre
à un autre ciel…


à l’extrême du jardin blanc
la vague immobile
Heure blanche


évanoui de bleu aurore
ne demeure que voile blanc
dans la brise
le chant de la source


Désert debout
Désert vertical
hisse la terre, la question
le multiple, l‘un
infinitude où les sens
fallacieux, tremblés, supplient


Désert dévorant
le sommet lointain d’absence. Là
repose, hasardé au-dessus
la planitude sourde.


Mer incertaine où vaquent
des mots fautifs en dérive.


Dans le silence d’un ciel
disparus, matrice première
désert vide obligé
ilence originel, baptismal, effaçant
la question. Bonheur étale la lumière
la source se donne


Seul
né du souffle
a u-dessus des déserts
nos domaines d’ombres
soumises au vent
une trace blanche au coeur de la nuit
une parole se cherche
la mer se referme

Il y a là-bas comme un ailleurs fermé


Il y a en avant quelque chose
très loin en deça
quelque chose
oui
une trace encore la dernière trace
alors vint le premier jardin


Au delà une source,
une parole


si nu devant l’entrée
et mon pas qui recule
à l’ombre de la lumière
une rivière


au blanc une aube déliée du ciel
aurore née du premier soleil


eau cristalline
de la source première


O solitude heureuse
e t au devant
l’infinitude
vers un soleil
au plus haut du secret
vers mon ombre


au bord d’une eau lointaine

 


Dalles de gué


le mur nu attend la naissance
de l’ailleurs vient le songe d’un possible passage
un instant sauve du vent le chuchotement du silence
tout chemin va à la plage qui rejette l’ailleurs
ailleurs buée sur la vitre que dessine le doigt du rêve

 


L’aïeule


ici la table retrouve son archaïque enfance.
dans la cheminée la patience du feu renouvelle sans cesse une histoire toujours de cendre


… espace d’un œil
coquille fermée sur le secret
l’amant rève d’une aube vierge.

 


De blanc incendié


de l’ailleurs
vient le songe
d’un possible passage


le mur nu attend la naissance


eau grave d’une enfance
pur sommeil parmi les ombres
une histoire s’éclaire
sous la paupière des dalles


les choses. Il arrive qu’elles s’apparaissent. Parfois devant soi, sans écran
comme de l’autre versant de la vallée


au rebord de la nuit, au loin d’un océan, un voile étire un deuil.
L’errance en cette ombre qui cèle toute promesse se déchire de soudaines percées ; des crêtes désolées se dévoilent….


La plainte une vague immobile
la mémoire de la nuit l’enchaîne
en berne de ce qui ne sera

…du fond de la mémoire, on regarde, on attend
on ne sait pas


on se pose sur un désert sans matière
vers on ne voit où


cet horizon de très lointaine enfance
la parole de mort le détruit….


Noire verticale
désert de midi


flamme
une prière reste immobile
née de sentiers incendiés.


…évanoui de bleue aurore
ne demeure que voile blanc…
dans la brise
le chant de la source

 

La lecture se poursuit des autres poèmes cités et d’extraits de « Le moine et le poète »

Regards